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La préfecture de la Sarthe censure une pièce de théâtre après des plaintes de catholiques intégristes

Jouée au Mans, la pièce "Sur le concept du visage du fils de Dieu" de Romeo Castellucci a été amputée d'une scène où des enfants jetaient des grenades factices sur un portrait du Christ.

Article rédigé par franceinfo
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Le metteur en scène Romeo Castellucci, le 19 janvier 2017 à Lyon. (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

Cette semaine, la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci a été jouée à deux reprises aux théâtres jumelés les Quinconces-L'Espal du Mans. Mais ces représentations ont été amputées de leur scène finale, sur demande de la préfecture de la Sarthe, rapporte Libération vendredi 13 avril.

Dans cette scène de douze minutes, des enfants portant des sacs à dos lancent des grenades factices sur un portrait géant du Christ d'Antonello di Messina. Face à ce qu'ils considèrent comme un blasphème et une "insulte à la culture française", des catholiques intégristes sont partis en guerre contre l'œuvre de ce metteur en scène italien.

La ministre de la Culture soutient le metteur en scène

Réagissant à plusieurs courriers d'associations catholiques intégristes, le préfet de la Sarthe, après avis de la Direction départementale de la cohésion sociale, a décidé d'interdire aux enfants d'interpréter cette scène. "Considérant l'âge des enfants retenus pour la prestation et les caractéristiques de la scène à laquelle les mineurs devaient participer, le préfet de la Sarthe a refusé cette autorisation d'emploi par un arrêté préfectoral. Cet arrêté n'a pas vocation à interdire cette scène durant le spectacle, précise la préfecture dans un communiqué, il vise uniquement à préserver les mineurs qui auraient dû y participer".

La décision a suscité l'incrédulité de Romeo Castellucci, qui a distribué une lettre aux spectateurs pour exprimer sa consternation. Dans un communiqué, la direction du théâtre s'est dite "déçue".  "Nous regrettons que nous n'ayons pas pu pleinement remplir notre mission et défendre les valeurs d'engagement, de citoyenneté et d'ouverture qui sont les nôtres", écrit-elle.

Le metteur en scène a reçu le soutien remarqué de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui a rappelé sur Twitter son "attachement profond à la liberté de création". Le préfet, représentant du gouvernement dans son département, appréciera.

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